L’édition est un monde cruel

J’ai passé deux ans à écrire mon deuxième roman, « La Fortune est volatile ». Le premier, « Les raccourcis saisissants » n’a jamais été publié et le troisième est quelque part arrêté à sa moitié, non que l’inspiration me manquât. C’est le temps qui me manque.

Cela ne va pas être possible

Après deux ans d’effort sur La fortune…, et quelque six bons mois de relecture et de correction – ce qui, nous sommes tous d’accord, est loin de constituer l’étape la plus intéressante du travail d’écriture, j’ai envoyé le manuscrit (et sa superbe photo de couverture) à une petite vingtaine d’éditeurs français. J’ai procédé par “vagues”, six à huit envois à la fois, pour des raisons de proximité géographique (je ne vis pas en France et profite de mes irréguliers passages pour poster ma pile d’enveloppes), mais aussi pour respecter mes affinités irrationnelles avec telle ou telle maison d’édition. Il y a les éditeurs chez qui vous rêvez d’être publié, ceux qui seraient OK, ceux que vous ne connaissez pas particulièrement, mais dont le catalogue semble correspondre au genre du roman, et ainsi de suite. Je nourrissais l’illusion de donner leur chance aux éditeurs dont je lis les auteurs.En vingt et quelques envois sur une année, je n’ai reçu que des réponses négatives.(dont certaines avec des coquilles dans la lettre type, sur mon nom ou sur le titre du roman)(mais c’est pas bien grave, hein)

 

C'est pourtant une belle couverture, non ?

Accepter d’être nul

La première conclusion possible : mon roman est nul. Comme le premier, qui subit la même litanie de refus. Si on ne publiait pas de romans médiocres ou même mauvais, cela se saurait – je dis cela sans amertume. Sans doute mon roman est-il mauvais, raté, illisible, indigne d’un tirage à cinq cents exemplaires. Peut-être qu’il mériterait une troisième écriture sous l’égide d’un éditeur pour en faire un bouquin correct. Cette hypothèse est celle qui me pousse à contacter les maisons d’édition, l’espoir d’entreprendre une collaboration entre un auteur et un éditeur, l’expérience du dernier permettant au premier de tirer le meilleur de sa créativité et de son talent.Cela n’avait pas marché pour mon premier manuscrit, j’espérais (en choisissant un genre, le “roman d’aventure” et en y introduisant des éléments fantastiques – le vaudou) que cela se produirait cette fois-ci. Bien des auteurs ont connu davantage de refus avant de parvenir à être publié. J’ai un roman en cours (premier jet terminé et rédaction du second quelque part au milieu) et au moins deux projets suffisamment intéressants pour y passer deux ou trois ans de ma vie.

Coucher sur Facebook, est-ce possible ?

De par mon éducation, ma culture, mon rapport à la littérature, je crois en la légitimité de l’éditeur. Il ne m’est pas agréable de songer à publier à compte d’auteurs, à ne pas avoir mon texte adoubé par un professionnel de l’édition. Je suis sans doute un peu con.Mes rares amis “écrivants” soutiennent que ma vision est idéale et ne correspond plus à la réalité de l’édition contemporaine. Sans tomber dans le populiste “il faut coucher pour être publié” (très brillamment illustré par un épisode de Strip-tease, soit dit en passant), ils insistent sur les nécessaires relations, pistons et entregent pour parvenir à convaincre une maison d’édition à publier un texte.Je pourrais contacter tous les salariés de telle ou telle maison d’édition via Facebook pour leur demander de lire mon roman. J’ai entendu une jeune auteure (dont j’apprécie le blog et dont j’achèterais sûrement le roman) expliquer qu’elle avait procédé de la sorte. Je ne m’en sens pas capable. Je dois manquer d’opiniâtreté.

L’auto-édition électronique

Une possibilité existe, celle de publier La fortune… (et, pourquoi pas, Les raccourcis… après une sérieuse nouvelle correction) sous forme électronique, dans la merveilleuse boutique des ouvrages pour le Kindle. Véritable eldorado des poètes maudits et des écrivains du dimanche (dont je suis), l’auto-édition électronique supprime la sélection (l’imprimatur, la légitimité, l’adoubement…) par un éditeur et instaure ce fameux rapport direct au lecteur, lequel n’en a sans doute rien à secouer tant le catalogue de ladite boutique se remplit de références. Des bloggeurs commencent à publier des morceaux choisis sous cette forme, et, après tout, pourquoi pas.Reviennent alors à l’auteur – éditeur électronique, les tâches ô combien fastidieuses de correction professionnelle et de promotion de son œuvre et de sa réputation. Pour la correction, le recours à un professionnel me semble inévitable – et c’est onéreux. Pour la promotion, il ne s’agit que du désormais fameux “personal branding”, avec tout ce que cela comporte de négatif.La création de ce blog amorphe était un pas dans cette direction, en plus d’être une motivation pour écrire davantage. J’écris beaucoup, ailleurs. J’ai un fils de bientôt dix-huit mois, ce qui n’arrange rien. Le temps manque.Si je me décidais pour la publication sur le kindle, il me faudrait sérieusement travailler à publier mieux et davantage sur ce blog. Je réfléchis également à la possibilité de commencer par publier un recueil de nouvelles (dont deux tiers ne sont pas écrites, une paille, vous pensez).

Autant l’avouer : je suis un peu paumé.

Mais cela m’a fait du bien de partager ceci ici.

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