Il y a huit ans, je publiais un blog (qui devait devenir collectif mais resta, grosso modo, personnel). C’était sous SPIP, dîtes donc, et ça s’appelait pheukeudeuk. De temps à autre, je publierai ici des textes issus de ce blog, de quand j’étais jeune. L’un des premiers résumait bien ma situation de l’époque.
J’ai toujours fait tout ce qu’on m’a dit. Je suis un garçon gentil, obéissant, respectueux et un brin naïf. C’est sans doute pour cela que je suis oisif.
J’ai toujours fait tout ce qu’on m’a dit. Je me souviens, en 1989, j’ai ouvert un magazine étudiant, le genre guide de vie pour adolescent désoeuvré, j’ai scrupuleusement recopié les indications, et j’ai tout fait. J’ai opté pour une classe préparatoire aux Hautes Etudes Commerciales, parce que ” ces classes apportent structure et organisation aux étudiants que l’université, avec son corollaire de liberté et – parfois – de désordre, est susceptible de dissiper “. Sans compter que, pour le lycée, un élève de plus en prépa, c’était bon pour l’image.
Je n’y suis resté qu’une année. Bizarrement, je ne m’y suis pas senti si structuré que cela. A la grande loterie des concours, j’ai intégré une ESC de province. Et j’ai consulté mes notes : “Il est judicieux de profiter de l’opportunité d’effectuer une année en entreprise pendant le déroulé des études supérieures “. Dans mon ESC, on appelait ce stage d’insertion longue durée “l’année sandwich”. Sans doute parce que ces derniers constituèrent l’essentiel de mon régime alimentaire pendant les douze mois qui suivirent. J’étais consultant junior dans un pseudo cabinet de conseil aux PME/PMI qui subsistait vaille que vaille avec du personnel précaire et en préemptant les subventions économiques du Conseil Général.
Fin de l’ESC, pas de grande motivation pour rejoindre le corps militaire dans l’immédiat. Relecture des notes : “Un troisième cycle constitue un bagage complémentaire très apprécié des employeurs “. Surtout des banquiers, à mon sens. Va pour le troisième cycle. Re-concours et hop, j’intégrai un Master Spécialisé en information et média dans une grande école parisienne. C’était vraiment bien. Les intervenants ne cessaient de nous répéter qu’il n’y avait pas de débouchés, que le secteur était encombré et que l’individualisme primait sur toute autre attitude, mais j’attribuai leur cynisme à un effet de mode et à leur rancoeur de n’avoir pas, comme moi, recopié les indications du magazine étudiant.
“Vous vous allez là où personne ne veut aller ? J’ai la Finlande pour vous”
Ces mêmes instructions de vie me furent des plus utiles pour l’étape suivante : le CSNE. Ce sigle remportait cinq étoiles dans la catégorie “Plaire aux employeurs”. Restait à le trouver. N’ayant pas de piston, je jouai le tout pour le tout au culot et me retrouvai, grâce à un savant concours de circonstances, dans le bureau des CSN du Ministère des Affaires Etrangères. Sachant que les destinations les plus sympathiques étaient attribuées aux personnes ayant le bras long, je demandai un pays que personne ne voulait. Ce fut la Finlande. Seize mois. Ce fut bien assez.
Retour en France. Mes notes s’arrêtaient là. La vraie vie commençait. A l’époque, croyez-le si vous le voulez, le secteur de l’Internet était en plein essor. J’ai donc travaillé dans une start-up (oui, je sais…). Puis dans une agence multimédia. J’avais fait tout ce qu’on m’avait dit, et je continuais. je m’investissais, je ne comptais pas les heures… J’étais idiot, en somme.
“Attendez 2004 tranquillement chez vous”
Le plan social date d’un mois. Libération écrivait hier (04/02/02) :
L’année 2002 devrait être noire du point de vue des recrutements : l’Apec s’attend à une baisse de 17% par-rapport à 2001. (…). Certains secteurs sont carrément sinistrés. Mieux vaut éviter, dans sa quête de travail, les secteurs de la communication, du marketing, des ventes et des ressources humaines. Ou alors attendez 2004 tranquillement chez vous.
Bon.
Ben je vais faire ce qu’on me dit.
Comments
Tu le crois ça ? Le thème ne supporte pas le texte en italique s’il n’est pas dans un bloc de citation. Les intégristes de chez Ulysse ont encore frappé ou bien ?