Taz express.

Taz express.
A Strasbourg, pas loin du Pérestroïka, Krikor l’arménien a des taz terribles, des acides raffinés à l’Ecole Supérieure de Chimie d’Alsace. Des projets de fin d’étude de thésards motivés, des exercices de TD, peut-être. Des buvards ou des cachetons dosés à la perfection, tu demandes l’effet et tu indiques le temps dont tu dispose. Krikor prescrit. Panacée de la distraction chimique contemporaine. Les deux filles sirotent un dernier Gin Tonic. La stagiaire a vint ans, la petite un peu plus. Je dis : “45 minutes.” Je dis : “Cool, sensuel, timides.” Krikor me demande combien. Echangeons billets de cinquante euros contre trois carrés de papier buvard.
Nous choisissons d’aller dans la résidence hôtel de la stagiaire. Il n’y a pas de réceptionniste. La chambre a le mérite d’être grande, pour le reste, c’est moche. Une semaine par mois, à Strasbourg, les locaux loueraient la plage arrière de leurs bagnoles qu’ils trouveraient preneurs. Il y a une pénurie organisée de lits hôteliers. Le laptop de la petite a des enceintes potables. La fonte des buvards sous nos langues inaugure la zone autonome temporaire dans laquelle nous nous affranchissons des convenances diurnes, des relations présentes et pérennes. Nous sommes en nage. Nous tétons la bouteille d’eau minérale. Les vêtements tombent, les peaux s’attirent, se touchent, se collent. Nos langues se trouvent, des doigts se perdent, succion, passion, position. Passion.
Il n’y a plus de collègues ni de rapport hiérarchique. Il y a trois corps animés, chimiquement désinhibés, consciemment désirant.
Je garde juste assez d’esprit pour constater que, oui, elle a des seins magnifiques, la petite. La stagiaire ne peut rivaliser, malgré ses printemps de moins. Elle préfère alors s’abandonner, et de nos échanges se faire le jouet.
Moins d’une heure car il est déjà tard. Il y aura réunion et comptes-rendus, messages électroniques et demandes de rendez-vous, cases à cocher et toutes ces conneries d’interdépendance laborieuse. Je raccompagne la petite. On blague comme à l’accoutumé. Nous quittons la zone d’autonomie temporaire en entrant chacun dans nos ascenseurs, dans nos hôtels respectifs, à des centaines de mètres l’un de l’autre, à des années de lumière de nos semblables pour encore quelques heures.

A Strasbourg, pas loin du Pérestroïka, Krikor l’arménien a des taz terribles, des acides raffinés à l’Ecole Supérieure de Chimie d’Alsace. Des projets de fin d’étude de thésards motivés, des exercices de TD, peut-être. Des buvards ou des cachetons dosés à la perfection, tu demandes l’effet et tu indiques le temps dont tu dispose. Krikor prescrit. Panacée de la distraction chimique contemporaine. Les deux filles sirotent un dernier Gin Tonic. La stagiaire a vingt ans, la petite un peu plus. Je dis : “45 minutes.” Je dis : “Cool, sensuel, timides.” Krikor me demande combien. Echangeons billets de cinquante euros contre trois carrés de papier buvard.

L’achat (III) (et on en restera là).

Je cherchais donc des informations sur l’usage des carafes filtrantes. Parmi les liens proposés : Doctossimo. Oh merde. Je sais que vous pensez comme moi. On n’est pas censé cliquer sur un lien menant vers Doctossimo. Ça fait partie des règles qu’on inculque aux débutants sur Internet : ne jamais donner votre véritable nom, ne jamais donner votre numéro de carte bleue, ne jamais cliquer sur un lien vers Doctossimo. Doctossimo ne propose que deux catégories d’information : ses forums sur les manifestations les plus étonnantes et bizarres des pratiques reproductrices humaines et ses articles de fond sur l’ensemble des maladies que l’on peut attraper à chaque coin de rue sans le savoir et dont on meurt dans des souffrances atroces, le tout illustré avec un goût de médecin légiste très sûr. Alors, “carafe filtrante” chez Doctossimo: p0rn ou pathologie ?

De l’Internet, du talent et de l’intelligence.

De l’Internet, du talent et de l’intelligence.
Je n’arrive pas à savoir si les sites de communauté éditoriale comme Ladies Room sont plutôt une bonne chose ou non.
Pas pour moi, j’entends. Je fuis ces sites autant que mon métier le permet, c’est à dire que je dois me résoudre à en visiter un de temps en temps pour prendre le pouls des évolutions éditoriales Internet. Est-ce que le cadavre est toujours aussi pourri, est-ce qu’on l’a un peu arrangé ?
Pas pour les utilisateurs, contributeurs comme lecteurs, non plus. S’ils sont contents d’être publiés comme de lire ce qui est publié sur ces sites de communauté éditoriale, grand bien leur fasse. Vraiment.
Je pense aux éditeurs, plutôt.
Est-ce que l’existence de ces sites réduit le nombre de manuscrits envoyés aux maisons d’édition ? Est-ce que la publication de billets en ligne constitue un exutoire suffisant pour leurs auteurs ? Ou est-ce que les réactions exprimées à l’endroit de leurs écrits, que ce soit sous la forme quantitative du nombre de pages vues ou sous celle des commentaires exprimés – car sur les sites de communauté éditoriale, on ne cesse jamais d’écrire. On publie, on commente, on découpe en série, on poursuit une idée.
Est-ce que les blogs ont réduits le nombre de manuscrits envoyés ? Je connais quelques exemples de blogs dont les auteurs ont, par la suite, publié un ouvrage. Dans les cas qui me viennent à l’esprit, l’éditeur a contacté l’auteur après lecture de son blog. Je n’ai pas trouvé de chiffres permettant d’évaluer le taux de publication des auteurs de blogs ayant envoyé leur manuscrit par cette bonne vieille poste.
Il y a évidemment les blogs des auteurs, ceux qui, plus ou moins après avoir été publié ont ouvert un blog pour se rapprocher de leurs lecteurs, une idée que je juge curieuse mais je ne suis pas expert en la matière des relations avec les lecteurs. C’est comme pour les enfants, il semble qu’il faille d’abord en avoir pour juger la conduite des autres.
Je suis un grand partisan des blogs. Je ne cesse de m’étonner des capacités créatives que permettent les nouvelles technologies. Je trouve absolument formidable que tout le monde, absolument tout le monde, puisse décider d’investir ses ressources dans la mise en ligne et l’entretien d’un blog que, dans la plupart des cas, personne ne lira – mais qui reste disponible à l’attention de qui veut bien le trouver.
Ce blog est l’illustration parfaite de la variable “que personne ne lira”.
Ce qui m’intéresse, c’est de savoir si le nombre de manuscrits adressés aux maisons d’édition est en baisse, histoire que les miens gagnent en visibilité. Est-ce que le nombre de mes concurrents, dans la course à l’édition du premier roman, baisse de manière significative ?
Dans le même ordre d’idées, les sites communautaires de photographies, comme Flickr, menacent-ils d’extinction les soirées diapositives, les piles de photographies de vacances passant de mains en mains à la terrasse des bistrots ou dans les salles de pause ?
Au fond, peut-on attendre de l’Internet que sa fonction de réservoir infini de médiocrité épargne notre vie quotidienne des situations sociales embarrassante telle que devoir louer un manuscrit inepte rédigé par un proche, encenser les mauvais clichés pris par un collègue ou se coltiner les vidéos de l’accouchement de sa belle-soeur ? Est-ce que les concours photographiques amateurs sont désengorgés des soumissions susceptibles de rendre aveugle les jurys les mieux disposés ?
Bien évidemment, le rôle de dépotoirs de talent est loin d’être la seule finalité de l’Internet. C’est aussi une inépuisable source de pornographie, d’information en temps réel, de discussions légères et intelligentes, et tutti quanti.
La question de savoir si Internet nous rend plus intelligent ou plus idiot, la réponse implicite semblant être la seconde proposition dans l’esprit de beaucoup, est débattue dans toutes ses dimensions sur la toile. Par exemple ici :
L’un des arguments est : les nouvelles technologies ne changent rien au talent et le public reste le meilleur juge de la qualité produite in fine. Guillaume Musso vient juste d’avoir un orgasme à la lecture de cette phrase. Bien évidemment, la suprématie du bon sens dans sa capacité de juge es qualité est immédiatement attaqué, notamment sur le mode “où était le bon sens commun entre 1939-45 ?”.
Le bon sens est un alibi commode, jusque dans les situations professionnelles. Paloma, utilise donc un peu ta tête, ma fille. Pour autant, je rechigne à l’associer au bon goût. Quant à la majorité, elle ne m’intéresse que par son nombre. Si la majorité des gens achetait mon livre, alors je pourrais quitter mon travail et entamer une fructueuse carrière de cultivateur de paradoxe sous les latitudes tropicales.
Résumons :
L’Internet ne rend pas forcément stupide parce que le bon sens commun de ses utilisateurs permet de distinguer le bon grain de l’ivraie ;
sans toutefois obérer d’une fonction exutoire autorisant tout un chacun à mettre en ligne le meilleur de sa production personnelle ;
consumant peut-être ainsi une part de l’énergie autrement employée à abreuver le cercle des intimes ou les canaux plus institutionnels de ces mêmes travaux, opinions, pensées… ;
et remplissant en définitive une fonction d’épuration de situations sociables désagréables bénéficiant à tout un chacun.
Et je me demande ce qu’attend le Collège de France pour me proposer une chaire.

Je n’arrive pas à savoir si les sites de communauté éditoriale comme Ladies Room sont plutôt une bonne chose ou non.

L'apprentissage

Je commence l’apprentissage d’une nouvelle langue vivante, à raison de quatre heures de cours par jour et deux heures de devoir par soir.

L'achat (II)

Je n’avais pas consulté l’internet avant de procéder à l’acquisition de cette carafe filtrante, ce qui ne me ressemblait pas et me plaçait dans un inconfort certain.

Certes, mes collègues m’avaient chaudement recommandé la marque et le modèle. Mais depuis quand écoutons-nous des connaissances et leurs conseils au détriment des parfaits inconnus rencontrés sur le Net ? C’est le vingt-et-unième siècle ou quoi ?

Petit-déjeuner dans les hôtels de passage

Et contre le mur, machin fait le malin.

Et contre le mur, machin fait le malin.

Dans les hôtels de passage, où l’on ne fait que dormir entre deux réunions, deux séminaires, deux projections powerpoint, les petits-déjeuners sont, en général, proposés sous la forme d’un buffet. Au réveil, de mauvaise humeur comme il se doit, nous redevenons des chasseurs-cueilleurs regroupant leur subsistance, la collectant de différentes sources. Des regards intimidants, quelques grognements si une source de nourriture se tarit trop vite. Il n’y a plus de jus d’orange ? Est-ce qu’il reste des croissants ? La tension monte vite, l’heure n’est pas encore à la courtoisie, le vernis culturel qui nous permet de survivre en société n’a pas exactement séché.

Nos ancêtres se réveillaient heureux d’avoir une survécu une nuit de plus. Les chasseurs-cueilleurs du salon “Oasis” sont de mauvaise humeur, quoi qu’il advienne. Se réveiller, c’est vivre pour souffrir, travailler, se torturer en réunion. A se demander pour quelles raisons notre espèce a traversé les âges. Du paléolithique au blackberrythique.

L’achat (I)

Je suis enchanté par mon achat de cette semaine. Il transforme notre quotidien, profite à notre santé et nous donne, pour ainsi dire, le sentiment de vivre à nouveau dans un pays civilisé. Ou peu s’en faut.

L’écran brillant du MacBook.

Il faut un premier post. Toujours.